Temps d’écran des enfants : accompagner plutôt qu’interdire

Temps d’écran des enfants : accompagner plutôt qu’interdire.

Oui, ce n’est pas facile d’être parent et c’est encore plus vrai en cette période de crise. Dans ce contexte stressant pour les adultes comme pour les enfants, certaines règles méritent bien d’être assouplies. Les écrans, ont plus que jamais fait partie de la famille pendant le confinement. Période où il a été difficile de n’en utiliser aucun à la maison, ne serait-ce avec la continuité pédagogique des enfants qui a nécessité une utilisation quotidienne. Avant, il était déjà difficile de faire respecter le temps d’écran aux enfants. Mais avec le confinement, il a été bien compliqué de poser des limites. Les enfants ont vu une opportunité de passer plus de temps sur les écrans. Plus de temps libre, privés de liberté, la consommation d’écran a considérablement augmenté, avec parfois, pour conséquence des risques sur leur santé. Car l’usage des écrans peut devenir problématique passé un certain « temps d’écran ». Des tensions, colères, fatigue et difficultés d’endormissement, les conséquences se font déjà ressentir.

Le temps d’écran idéal n’existe pas…

Il n’existe pas de recommandations précise sur le temps d’écran. Le « juste temps » d’exposition de l’enfant n’est pas défini et il appartient aux parents de le déterminer. Tout d’abord il est important de prendre en compte l’ensemble des écrans présents à la maison. La télévision, l’ordinateur, la tablette, la console ou encore le smartphone pour les plus grands. Ensuite en fonction de l’âge de l’enfant, car bien évidemment plus l’enfant grandit, plus le temps d’écran peut augmenter. A cela il est important de prendre en compte le caractère, de l’enfant, son temps scolaire et son temps consacré à ses activités.

Pour aller plus loin dans les recommandations, le psychiatre Serge Tisseron, propose des repères en fonction de l’âge de l’enfant. La boite à limites propose également d’adapter et d’ajuster des temps d’écran pour les enfants à partir de 3 ans et jusqu’à 11 ans.

Autoriser les écrans en respectant 5 règles:

  • En évitant certains moments

télévision surexposition

S’il vous est difficile en ce moment de diminuer le temps d’écran de votre enfant pour diverses raisons, il est souhaitable néanmoins d’éviter les écrans à certains moments de la journée. Une règle facile à retenir, appelée la règle des « 4 Pas » créée par Sabine Duflo, psychologue clinicienne:

Pas le matin avant de commencer à travailler ou d’aller à l’école : votre enfant risque de mettre plus de temps à retrouver sa concentration du lever.

Pas le soir avant de s’endormir : les écrans perturbent l’endormissement. Le temps d’écran peut interférer sur la sécrétion de mélatonine, l’hormone favorisant le sommeil. Les enfants ne doivent pas être exposés aux écrans une heure avant l’endormissement.

Pas pendant les repas : car le temps du repas doit être un moment d’échange à partager en famille.

Pas dans la chambre.

  • En filtrant les contenus

A savoir, lorsque l’enfant se rend sur internet et utilise un moteur de recherche il peut y trouver des contenus inappropriés à son âge, et  avoir accès à des contenus, violents, sexuels, racistes etc… Les moteurs de recherche traditionnels, font courir des risques aux enfants. Concernant les informations personnelles, les moteurs de recherche que vous le savez, collectent des informations sur l’historique de navigation et proposent par la suite des suggestions et publicité correspondant à nos besoins enfin pas toujours ! Et c’est à ce moment que ce n’est pas forcément adapté à l’enfant.

Lui expliquer également de se méfier des informations qui circulent sur internet et en particulier sur la chaine Youtube. Aidez-le à se poser les bonnes questions! Savoir identifier l’auteur de la vidéo mais également l’objectif de la vidéo : est-elle informative avec une information crédible? vérifiée ? ou est-ce une vidéo  commerciale ? Cela paraît évident pour nous, mais en réalité cela ne l’est absolument pas pour votre enfant ! De même que pour la publicité, qui arrivera en tête des résultats. Pour sensibiliser l’enfant à ces dangers il existe de nombreux supports. Cette vidéo ludique explique très bien les risques.

Il est fortement recommandé de paramétrer un contrôle parental et d’expliquer à votre enfant le « code de la route du web » en quelque sorte les règles fondamentales à respecter pour un bon usage des écrans. Il existe des moteurs de recherche comme Kiddle ou Qwant Junior, qui lui permettront de faire des recherches sécurisées et de respecter de la vie privée de votre enfant. Il est possible d’activer la fonction « Safe Search » pour réaliser des recherches sécurisées sur Google.

  • En choisissant des jeux adaptés

L’avantage principal des jeux vidéo est de motiver le joueur à compléter les différents niveaux du jeu afin de réussir le jeu. Des études montrent un effet positif sur la capacité de l’enfant à conserver sa motivation sur le long terme et à persévérer jusqu’à la réalisation d’une mission précise. Malgré tout, Il faut rester vigilant et encadrer l’utilisation des jeux vidéo, car ils comportent certains pièges : des contenus inappropriés, des jeux partagés avec d’autres joueurs inconnus et de tout âge. Les joueurs peuvent échanger entre eux et vous ne pouvez savoir ce qu’ils se racontent.

Enfin certains jeux proposent des achats intégrés et c’est le piège assuré. On apprend que 40% des enfants qui jouent aux jeux vidéo utiliseraient des achats en ligne.

Pour éviter le pire, on ne peut que conseiller de respecter scrupuleusement la signalétique PEGI (Pan European Game Information). Cette classification détermine l’âge minimum à partir duquel le jeu vidéo est conseillé pour l’enfant ou l’adolescent.

Elle s’appuie sur la présence de contenus sensibles comme la violence, la peur, ou encore le langage inapproprié. Il existe 5 niveaux : âge minimum recommandé à 3 ans , 7 ans, 12 ans, 16 ans et 18 ans (réservé aux adultes).

Enfin, il est toujours bienvenue d’essayer de passer du temps avec lui pourquoi pas à jouer avec lui une partie, et en profiter pour échanger avec lui sur le jeu et comprendre ses perceptions.

  •  En montrant le bon exemple 

L’éducation passe avant tout par l’imitation, jusque dans l’utilisation des écrans. Il va donc s’agir de changer nos habitudes ou d’adopter les bons réflexes. Savoir poser son smartphone en présence de son enfant, est capital. Prendre un repas en famille avec le smartphone éteint ou à distance sans répondre aux notifications, permet de montrer à son enfant que le téléphone passe après la vie familiale.

Pour la télévision c’est pareil, on allume pour le choix d’une émission ou d’un film mais pas des heures sans vraiment choisir un programme.

Pour être irréprochable, on pense à :

  1. Poser le portable en arrivant à la maison pour le pas le garder sur soi et être tenté
  2. Désactiver les notifications
  3. Ne regarder les e-mails qu’une fois par jour
  4. L’oublier volontairement lors d’une ballade
  5. Ne pas l’utiliser en voiture
  •  En mettant en place des temps « sans écran »

sans écran

” Oui aujourd’hui c’est autorisé mais demain ça ne le sera pas “. Tant pis si l’enfant s’ennuie et les professionnels de la petite enfance diront tant mieux. L’ennui, est nécessaire, voire même indispensable à son développement. C’est même l’occasion de faire travailler son imaginaire. Ces moments là vont aussi lui permettre d’enrichir sa capacité d’observation, d’être plus attentif par exemple.

Pour l’aider à accepter de passer d’une activité sur écran à une activité sans écran, et gérer la frustration, il est prudent, de prévenir l’enfant avant. C’est à dire de ne pas lui dire au bout d’une heure de jeu : « tu arrêtes maintenant ». Plutôt lui proposer un temps de jeu « limité » puis sortir faire une ballade, du sport. Dans la mesure du possible mieux vaut alterner les jeux sur écran, avec un jeu sans écran, et de préférence à l’extérieur quand cela est possible.

L’idée est d’apporter plutôt à l’enfant un planning à l’avance voire une routine afin qu’il comprenne que l’usage des écrans ne sont pas en « open bar » à la maison. La boite à limites permettra d’ailleurs de mettre en place un planning des jours et temps autorisés avec et sans écrans.

En résumé

Vous l’aurez compris, le problème n’est pas tant l’écran mais l’usage qui va être fait par l’enfant. Le temps d’exposition peut être critique pour les enfants en ce moment, mais ils ont pu éviter aux parents parfois, de devenir fous ! il faut être indulgent avec soi-même. Si l’enfant passe un peu plus de temps qu’habituellement devant les écrans, car vous en ressentez le besoin, il faut admettre que cela est loin d’être grave. Vous pouvez même échanger avec lui sur ce point. Les mauvaises habitudes prendront fin, soit parce qu’à un moment vous l’avez décidé, soit parce que l’enfant va reprendre forcément ses activités, peut-être école, ses habitudes et avec l’été qui approche passer tout simplement plus de temps à l’extérieur.

Et si vous ressentez le besoin d’aller plus loin et de diminuer le temps d’écran de votre enfant, mettez en place des journées sans écrans de temps en temps. Découvrez le challenge de cette famille qui s’est prêtée au jeu pendant le confinement : une idée qui pourrait certainement vous plaire.

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3 réponses

  1. Excellent article. C’est vrai, l’exemple doit venir de nous parents. Si on n’arrive pas à se détacher des écrans, nos enfants suivront le pas. Alors commençons par nous contrôler avant de s’occuper des enfants…

  2. C’est complètement vrai! Le confinement a vraiment aggravé les choses. Je n’arrive plus à contrôler mes enfants qui passent presque toute la journée devant des écrans que ce soit, la télé, l’ordi ou le téléphone. Même pour le petit dernier qui n’a que 6 ans… Une situation désespérante pour moi. Le premier conseil, pour moi serait déjà, je pense de limiter la dépendance de mes enfants aux écrans. JEe pense que je vais essayer de trouver des activités à faire en famille et installer des temps sans écrans. Je vais commencer par des activités le dimanche. Petit à petit, l’oiseau fait son nid, j’espère pouvoir réussir mon objectif et aider les enfants à se détacher des écrans. Julienne

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